Propos recueillis par Rachel Brunet, directrice et rédactrice en chef du Petit Journal New York
Bienvenue dans notre dossier éditorial « Quartiers de New York » présenté par BARNES New York. Nous vous invitons régulièrement à découvrir les différents quartiers de la ville dans les yeux de francophones qui y sont installés. Ils racontent leur quartier, avec leurs mots, leurs goûts, leurs habitudes. Aujourd’hui, nous découvrons et nous promenons dans l’ Upper East Side, avec JC Agid, fondateur de 37EAST, une agence de conseil media et développement aux États-Unis, au Mexique et en France.
Rachel Brunet pour Le Petit Journal New York : Vous habitez le quartier de l’Upper East Side. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce quartier ?
JC Agid : Le hasard, bien sûr, un jour de septembre il y a des années de cela. Premier séjour à New York, décidé en moins de 48 heures, une semaine à combler entre la fin des études et un emploi à Bry-sur-Marne. J’attends sur le trottoir d’une rue de l’Upper East Side, non loin de Central Park, l’arrivée d’une famille qu’une amie parisienne m’avait présentée par téléphone pour m’héberger deux ou trois nuits. Je suis revenu deux ans plus tard à New York et à l’exception d’une année passée sur la 113ème rue dans le quartier de Columbia University et d’une autre en haut d’une tour sans âme au croisement de Central Park North et de Central Park West, j’ai finalement toujours vécu dans l’Upper East Side.
Mais j’ai changé d’étage, d’horizons aussi. Après avoir longtemps habité dans un appartement d’une de ces petites maisons qui bordent des rues paisibles à l’ouest de l’Upper East, paradis des souris et des douches brûlantes ou glacées, je me suis installé au dernier étage d’un immense immeuble près de l’East River. Devant moi, une vue ambitieuse, gigantesque même, avec le Carlyle, la cime des arbres de Central Park, Columbus Circle, Times Square et le New Jersey en spectacle permanent.
Pouvez-vous nous raconter la vie de ce quartier, l’ambiance ? Ce qui le fait vivre, ce qui l’anime ?
L’ambiance ? Celle d’un quartier sans touristes, d’une ville rangée, presque monotone. On vit dans Yorkville, mais on ne le visite pas. Il y a bien çà et là des petites boutiques, des visages que l’on croise chaque jour, des histoires que l’on partage. Mais nous sommes loin du charme des quartiers de Carnegie Hill ou de Morningside Heights. Il existe dans Yorkville un calme étrange et familial que rythment les écoles alentours.
Vous habitez près du Lycée Français. Entend-on beaucoup la langue de Molière dans l’UES ?
Comme partout à New York, on entend toutes sortes de langues, et parfois de l’anglais. Beaucoup de familles françaises vivent à proximité du LFNY et les élèves du Lycée apportent à ce quartier une sonorité toute particulière. Ce n’est pas un quartier où l’on se fait voir, au contraire, on aurait presque tendance à s’y cacher.
Vos endroits préférés, vos bonnes adresses ou peut-être même vos habitudes ?
Les Frenchies, 75ème rue, entre York Ave et FDR, la porte à côté du LFNY, pour les croissants, les meilleurs de la ville avec ceux d’une autre boulangerie sur la 78ème rue. Mais en plus des croissants et des pains au chocolat, des quiches et des éclairs au café, j’y retrouve la patronne Michèle Saint Laurent et sa partenaire, Aksana Ivaniuk. Tous mes amis y passent avec leurs enfants à toute heure de la journée. Plus qu’une boulangerie avec sa terrasse, les Frenchies est devenue la petite épicerie française du quartier. Il y règne toujours une ambiance souriante, familiale et heureuse. Les Frenchies sont le cœur de mon village discret. Cela n’a pas de prix. La meilleure adresse du quartier.
Il y avait l’autre café aussi, aux allures américaines celui-ci, Beanocchio’s, victime économique de la Covid19, fermé, définitivement. J’aimais son atmosphère de province.
Sur la 76ème rue, presqu’au coin de la 1ère avenue, Jones Wood Foundry pour un long verre au bar et y refaire le monde entre amis.
Un peu plus loin, Mission Ceviche sur la seconde avenue et la 72ème rue, sans doute un des meilleurs restaurants du coin. Juste à côte, La Esquina et ses tacos dont l’ambiance me projette dans les rues de Coyoacan à Mexico City, le village de Frida Kahlo et de Diego Rivera.
J’aime aussi ce minuscule—et c’est déjà un grand mot—marché du samedi matin sur la 82ème rue entre York et la 1ère avenue, à condition d’être particulièrement patient en ces temps de distanciation sociale. À quelques mètres, sur York Avenue, je m’arrête souvent chez le boucher Ottomanelli grâce à qui j’ai pu en plein confinement cuisiner des paupiettes de veau ; un peu plus haut sur York, je vais parfois chez Dorian’s pour les plaisirs de la mer et des portefeuilles troués, et en face, surtout, on trouve Logos Bookstore, une librairie à l’ancienne—de la résistance même—où l’odeur du livre et du bois domine, l’endroit parfait pour flâner ou chercher un cadeau que le propriétaire emballera pour vous, chose rare à New York.
Vers la 3ème avenue et 76ème rue, un autre boucher fait face à Sables, l’adresse idéale si on aime les brunchs au saumon fumé et aux bagels. Pour les fans de Sushi, ceux de Sushi of Gary sur la 78ème entre York et First Avenue sont réputés d’être parmi les meilleurs de la ville. Sotheby’s enfin sur la 72ème et York Avenue donne un peu d’importance et de vanité à ces rues écartées de la ville.
Est-ce que c’est un quartier que vous conseillez à ceux qui veulent acheter ou louer ?
À chacun de voir en fonction du New York recherché… En ce qui me concerne, mon ambiance exclusive est cette vue exceptionnelle, à l’aube lorsque le soleil se reflète dans les vitres de Manhattan, en fin de journée bien sûr, et la nuit, lorsque la ville en vain cherche le sommeil.
Chaque block a son style et juste au-dessus de la 79ème se dresse East End Avenue, une destination bourgeoise pour les célébrités qui cherchent la discrétion.
Le Q train, la récente ligne de métro sur la Seconde Avenue, rapproche ce quartier, parfois considéré comme le début d’une banlieue, au reste de Manhattan. Union Square est à moins de 30 minutes et Carnegie Hall à 20 minutes.
Si vous deviez décrire l’Upper East Side en trois mots ?
Chic et peu modeste du côté de Central Park. Discret et ambitieux le long de l’East River.
Paroles d'Experts - Upper East Side
Marché locatif :
En Janvier 2021, le loyer median d’un appartement dans l’Upper East Side était de $1,900 pour un studio (-16% sur un an), $2,404 pour une chambre (-11%), $3,300 pour deux chambres (-2%) et $6,000 pour trois chambres (-4%).
Marché de la vente :
En décembre 2020, sur l’ensemble de l’Upper East Side, le prix médian de vente demandé par les vendeurs se situait à $1,4M affichant une baisse de l’ordre de 2% sur un an avec $1,300 / square foot. Le prix de vente enregistré est en revanche de $1,1M compte tenu des négociations liees au Covid dans un contexte incertain. À noter que les condos ont davantage résisté avec un prix demandé médian de $1,7M pour un prix de vente réel de $1,622,000.
Propos recueillis par Rachel Brunet, directrice et rédactrice en chef du Petit Journal New York